
Un réseau bien ficelé
D’après quelques investigations menées ça et là, il revient couramment que le ciment de Baoré est bel et bien sur le marché, dans nos quincailleries. Mais, sous une autre forme, du moins, dans d’autres emballages venus d’ailleurs. Comment cela se fait-il? Il se raconte que des gros bonnets du pouvoir, ces eternels intouchables s’adonneraient à une pratique digne des grands cercles mafieux. Des emballages, «Dangoté» sont légalement achetés dans des pays voisins, conduit «légalement» à Nguéli puis dédouanés «normalement» avant d’être apporté soit à Baoré soit, dans des lieux tenus secret par ces scélérats économiques. Placés dans les grandes sphères du pouvoir, ils agissent sans inquiétude. Des douaniers seraient même mouillés jusqu’au coup pour mieux fermer les yeux aux frontières. Sur place, ils transvasent le ciment du Tchad dans celui de «Dangoté» et puis, le tout est joué. Le ciment ainsi transformé se vend au prix fort, entre 11 000 et 12 000 Frs sur le marché. Qui dit mieux devant cette trouvaille ingénieuse! Quelques autorités policières et administratives, dit-on, seraient au parfum de cette supercherie mais, elles n’osent pas bouger le petit doigt de peur d’être pris pour cible par ces «tous puissants». Il semblerait même que des personnes au sein de la société de ciment seraient aussi dans le coup.
On se souvient que les responsables municipaux d’alors avaient entrepris de mener une campagne contre ce trafic illicite, sans suite. Après l’arrestation spectaculaire de quelques camions transportant le ciment par les services de l’ex maire de la ville de N’Djaména, donnant ainsi l’espoir aux populations que quelque chose est fait pour freiner le fléau, la situation s’est empirée au point ou aujourd’hui, c’est le retour à la case départ. La fin des illusions! Le ciment de Baoré est pris en otage par cette mafia foncièrement assoiffée d’argent. L’Etat ni peut rien, les populations non plus, à qui donc se fier?