le site présente des opinions contradictoires en vue de l'édification d'une jeunesse tchadienne instruite.
Originaire de la
région de Mandoul, dans le sud du Tchad, Jacqueline Moudeina vécut une enfance d’orpheline, son père, médecin connu, ayant en effet succombé à un empoisonnement quelques semaines après la
naissance de sa fille, semble-t-il suite à son refus de collaborer avec l’administration coloniale française.
Après avoir passé son bac dans la capitale Ndjamena, elle s’inscrivit en 1979 à l’université de Ndjamena, pour y poursuivre des études d’anglais. Cependant, la guerre civile tchadienne (1979 – 1982), et le régime de terreur instauré ensuite par le dictateur Hissène Habré de 1982 à 1990, contraignirent Jacqueline Moudeina et son mari à quitter le pays. Entre 1982 et 1995, elle vécut en exil à Brazzaville, dans la République du Congo, où il elle fit des études de droit. En 1993, elle adhéra à la section congolaise de l’organisation de défense des droits de l’homme ATPDH (Association Tchadienne pour la Protection des Droits de l’Homme), fondée au Tchad peu auparavant.
Revenu au Tchad en 1995, elle s’inscrivit au barreau et mit ses compétences au service du bureau tchadien de l’ATPDH à NDjamena, devenant ainsi l’une des premières femmes au Tchad à travailler comme assistante juridique et mandataire de justice. Depuis lors, elle s’engage en particulier pour les droits des femmes, des enfants et des groupes discriminés de la population, et lutte, en affrontant l’indifférence des autorités tchadiennes en la matière, contre l’impunité qui couvre les violations des droits de l’homme.
Depuis 2000, elle s’est faite l’avocate des victimes du régime d’Hissène Habré. Une commission d’enquête instituée après la fin de son régime accuse Hissène Habré d’être responsable d’environ 40 000 assassinats politiques. Il ordonna entre autres le massacre de membres de l’ethnie Sara 1984), Hadjerai (1987) et Zaghawa (1989). En 1990, il se réfugia au Sénégal ,où pendant un temps il mena une vie de luxe. En 2000, Jacqueline Moudeina déposa une plainte contre lui au Sénégal ; concomitamment, elle assigna devant les tribunaux tchadiens ses anciens agents de la sûreté. Elle fut toutefois déboutée de sa plainte par le tribunal suprême du Sénégal, celui-ci se déclarant incompétent. Jacqueline Modeina et les victimes qu’elle représentait tentèrent par la suite d’assigner Habré devant une cour de justice en Belgique, en vertu du principe de la compétence universelle en matière de crimes contre l’humanité .
Elle obtint alors qu’un juge d’instruction belge se saisît de l’affaire, envoyât une commission rogatoire au Tchad pour y entendre d’anciens collaborateurs du régime de Habré, inspecter les charniers et les camps d’internement, et collecter des documents d’archive pour les verser au dossier. Le juge inculpa Habré de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de génocide , et émit à son encontre un mandat d’arrêt international.
Aussi la Belgique fut-elle amenée à demander que Habré fût extradé du Sénégal vers la Belgique. Cependant, l’Union africaine requit que Habré fût jugé au Sénégal, aucun chef d’État ne devant en effet, selon elle, être condamné hors du continent africain. Le Sénégal tout d’abord s’évertua à reporter sans cesse le début du procès, pour finir par déclarer en 2011 qu’aucune procédure ne serait engagée contre Habré. Dès lors, Jacqueline Moudeina s’efforce à nouveau d’obtenir que Habré soit jugé en Belgique.