Toujours l’impasse?
De source proche du dossier, les négociations de la dernière chance n’avancent pas comme prévu. Les religieux buteraient sur l’intransigeance du gouvernement à propos du relèvement de l’indice. « Pas question de le faire, cette année. Ils doivent attendre 2013 », ont suggéré les membres de la délégation gouvernementale. De l’autre côté, les syndicats font de ce point, une chose non négociable. «On n’attendra pas une année de plus», a répliqué l’Ust. L’impasse. Or, le délai accordé pour la négociation des religieux avance à grands pas. Toujours pas de solution. Chacun campe sur sa position. Par malheur, si les hommes de Dieu échouent, à l’horizon, s’installerait définitivement un climat d’incertitude où tout peut arriver. Les grévistes n’auront d’autre choix que de provoquer d’autres crises. Les religieux ont décidé alors, de peser de tout leur poids pour amener les deux parties à s’accorder sur l’essentiel afin de mettre fin à cette crise sociale au relent incontrôlable. On attend de voir tout de même!
Cependant, il est bon de reconnaitre que malgré les forces et les faiblesses des parties en conflit, aucune ne dispose de l’atout décisif pour abattre définitivement l’autre. On joue sur le facteur temps pour entamer sur la capacité morale, financière et l’endurance de son vis-à-vis. D’un côté, le gouvernement joue fâcheusement ses dernières cartes avec les condamnations et les affectations des responsables syndicalistes. Histoire de jouer sur les nerfs et l’esprit des grévistes pour calmer leur ardeur. Bonne ou mauvaise stratégie? Mais, cela ne paie pas toujours. De l’autre côté, l’Ust s’appuie sur ses relais traditionnels (opposition, Ong et association de la société civile…) pour affaiblir le pouvoir en le vilipendant sur les ondes des médias internationaux. On joue sur le facteur temps pour se donner les moyens de l’emporter.
Grande victime: l’économie
On ne le dira jamais assez! Les chiffres sont alarmants. Le Tchad a perdu durant cette crise, des dizaines de milliards de nos francs. Les conséquences sur l’économie déjà moribonde de ce pays sont graves. De la fermeture de l’administration, des centres hospitaliers aux bureaux des services de recouvrement…, cette grève si elle devait reprendre, l’Etat perdra plus d’argent qu’il en a perdu. On le sait, l’économie tchadienne si elle est sortie de son gouffre d’antan, souffre toujours des maux tels: corruption, gabegie, détournement… qui l’immobilisent dans la précarité. D’une économie basée sur l’agriculture dans les années 2000, elle a été réorientée sur les produits pétroliers et miniers. Fort malheureusement, les devises de cette nouvelle économie sont, soit mal gérées ou mal utilisées, soit accaparées par un groupuscule au détriment de l’Etat.
En un mot, le Tchad ne vit pas véritablement des ressources substantielles de son économie. Même si le pays bénéficie du soutien encore restreint de l’UE et des institutions financières internationales qui, veulent croire sinon à son efficacité, du moins, à sa bonne volonté de sortir du marasme dans lequel la mauvaise gestion des bien publics l’a mise, il n’en demeure pas moins que ses soutiens pourront s’estomper si la situation ne s’améliore. Fort heureusement, cette économie a titubé mais, elle ne s’est pas encore effondrée. Les Tchadiens dans leur écrasante majorité souhaitent que le gouvernement gagne en sagesse en mettant fin une fois pour de bon à cette crise sociale embarrassante. Pour l’heure, une chose est sûre : la guerre de tranchées si elle continue, le grand perdant sera le Tchad. Dans l’immédiat, elle a fait des victimes parmi lesquelles figure l’économie.