
Au Palais de justice de Paris, Franck Alexandre
Alain Péligat ne mâche pas ses mots. Physique de baroudeur, il fait de l'humanitaire depuis trente ans. Avec sa femme, ils ont élevé sept enfants dont trois adoptés au Cambodge, alors il a tout de suite adhéré au projet de l'Arche de Zoé : sauver des orphelins du Darfour. « J'ai tout fait pour partir là-bas. La mission était magnifique, tout était carré », indique-t-il à la barre.
« C'est un projet qui nous avait été garanti carré, étudié par des avocats, avec une arrivée étudiée par des avocats, raconte-il. Personne ne se serait lancé dans une mission illégale. Si on nous avait dit que c'était illégal, personne ne serait parti. On n'est pas fous. Le projet était superbe : aller aider des gamins. Tous les gens de coeur, tous les citoyens, ceux qui ont envie de se bouger le cul un petit peu, ils y vont. Voilà, c'est tout. Les gens qui sont habitués à faire de l'humanitaire, ils ne se posent pas de questions. A partir du moment où c'est légal, ils y vont. Ils vont donner de leur temps, de leur argent et ils partent ».
« On était tous de bonne foi, insiste Alain Péligat. Jusqu'au moment de l'arrestation au Tchad, on était persuadé d'avoir aidé des orphelins de guerre ». Et ponctuant ses phrases d'un « Ben merde ! », il conclut : « Si ce n'était pas des orphelins, c'est qu'on nous a mentis ». Et là, il faut demander à Eric Breteau, fondateur de l'Arche de Zoé et grand absent de ce procès.