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Vidéo de la Semaine

Portrait du nouveau premier ministre Dimrangar DADNADJI

Dans Lamyfortain.net

Portrait

Mahamat saleh haroun

  Mahamat SALEH HAROUN 

Cineaste et metteur en scène    

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Caricature de la semaine

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Le Tchad est prêt militairement pour sauver le peuple malien!!!

Selection musicale de la semaine

 

Figures historiques

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Les politiques au Tchad

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cha Moussa Faki Mahamat kebzabo
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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 11:29

 

alpha-conde.jpgkarim-le-riche.jpgzak-deby.jpgteodorin.jpgFrancis-Boziz-.jpg Christel-Sassou.JPG

Francois Mitterrand avait montré l'exemple en nommant son fils Jean-Christophe comme conseiller à l'Elysée. Aujourd'hui, rares sont les enfants d'un chef d'Etat africain à ne pas profiter du statut de leur père pour bénéficier d'une situation de rente ou d'un strapontin présidentiel. Souvent appelés à exercer une fonction officielle au cœur des palais, ils cumulent ce poste avec un business florissant, le temps d'un mandat de plusieurs années, voire d'une vie. Enquête.

 

Népotismes ouest-africains - Même s’il vient d’entamer sa traversée du désert après l’échec de son père Abdoulaye Wade à la présidentielle de mars au Sénégal, Karim Wade a mis, ces dernières années, sa fonction de "super ministre" à profit pour gagner en influence. Il lorgne à présent la tête du Parti démocratique sénégalais (PDS) dans la perspective de la présidentielle de 2017.

 

De son côté, le fils unique d’Alpha Condé goûte aux fruits sucrés du pouvoir depuis l’installation de son père à Sékoutoureya en 2010. Surnommé "Condé Junior", Alpha Mohamed Condé, peu connu des Guinéens, s’est vu nommer mi-avril conseiller à la présidence. Une fonction qu'il cumule avec ses affaires. Proche des milieux économiques sud-africains, il a recruté Waymark pour la préparation technique des prochaines législatives. Une opération très décriée localement. Rares sont les domaines où le fiston, qui gère aussi l'agenda et les déplacements de son père, n'a pas un droit de regard, y compris dans le secteur stratégique des mines.

 

Dynasties d’Afrique centrale - Sous l'influence de son épouse Constancia, Teodoro Obiang Nguema a scellé la relève en Guinée équatoriale en désignant fin mai Teodorin comme second vice-président, poste non prévu par la Constitution. Le statut accordé par l’émir de Malabo à ce fils imprévisible s’explique par sa capacité à maintenir le pays dans le giron du "clan de Mongomo".

 

Au Congo-B, le fils cadet de Denis Sassou Nguesso, Denis Christel, dit "Kiki", responsable du trading au sein de la SNPC, se pousse du col. Il vient de remporter les législatives du 15 juillet à Oyo, fief familial. Carton plein : 100% des suffrages exprimés ! Son entrée à l'Assemblée nationale va-t-elle alimenter son ambition de suivre les traces de papa ?

 

Pour sa part, Idriss Deby Itno, inconsolable depuis la mort de l'héritier Brahim en 2007 en France, ne jure plus que par Zacharia. Le 9 mai, ce dernier a été propulsé directeur de cabinet civil adjoint à la présidence, fonction qu'occupait son défunt frère. Au palais de N'Djamena, le lieutenant-colonel Nassour Idriss Deby est le chef d’état-major particulier adjoint de son père, Daoussa Idriss Deby s'occupe des projets présidentiels, tandis qu'Adam Idriss Deby gère l’intendance. Quant à leur sœur Amira Idriss Deby, elle est chargée des approvisionnements !

 

En Centrafrique, Jean-Francis Bozizé, ministre délégué à la présidence chargé de la défense, se verrait bien enfiler les bottes de chef d'Etat. D’autant que la disgrâce que connaît le colonel Sylvain Ndoutingaï, neveu de François Bozizé, ouvre des perspectives.

 

Les filles aux affaires: Souvent moins initiées au bois sacré du pouvoir, les filles profitent néanmoins du statut paternel pour faire fructifier leurs affaires.

 

A Luanda, Isabel dos Santos, fille unique d’Eduardo dos Santos issue d'un premier mariage avec l'Azérie Tatiana Kukanova, multiplie les prises de participation dans les entreprises des secteurs diamantifère, bancaire et des télécoms (Unitel, MStar SA, Banco Internacional de Credito…). Et pas seulement en Angola !

 

A Brazzaville, Claudia Sassou Nguesso, dite "Coco", responsable de la communication de son père, vient d'être élue députée. Autre fille de Sassou, Ninelle Nguesso, l'épouse du maire de Brazzaville Hugues Ngouélondélé, est à la tête de sa société spécialisée dans l’événementiel. Patronne de CSN, Cendrine demeure la "madame tourisme et restauration" du palais de Brazzaville. Autre fille de choc, Julienne Johnson, dit "Joujou", dirige son entreprise de location d’avions dont l'unique client est… la présidence congolaise !

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 12:57

TOUMAI-copie-1.JPG

Alors que l'aube se lève à peine, les quatre hommes crèvent déjà de chaud. À cette époque de l'année, la moiteur baignant le désert tchadien est infernale. Mais, au moins, la tempête de sable qui soufflait la veille s'est miraculeusement évanouie. 19 juillet 2001, c'est aujourd'hui le dernier jour de la mission paléontologique, dans les grès du Djourab, dirigée par Alain Beauvilain, un géographe détaché auprès du ministère tchadien de l'Enseignement supérieur. Il est accompagné de trois Tchadiens, dont le jeune Ahounta Djimdoumalbaye, licencié en sciences naturelles. Personne ne se doute encore que, dans quelques minutes, ils vont faire une découverte fracassante qui leur apportera peut-être la grande prise de tête de leur vie : un crâne de 7 millions d'années considéré par certains comme celui du plus vieil ancêtre appartenant à la branche menant à l'homme.

 

Pour l'instant, à peine levés, les quatre hommes avalent un café avant d'affronter le sauna pour ratisser le terrain. Au moins, il ne faut pas faire l'effort de creuser, le vent du désert se charge de décaper le sol, laissant émerger des terrains vieux de plusieurs millions d'années. Ahounta se dirige vers le sud. Il passe pour posséder les meilleurs yeux de tout le Tchad. De véritables lasers capables de repérer une sardine borgne dans un banc de millions de poissons. Deux ans auparavant, le paléontologue français Michel Brunet, qui dirige les campagnes de fouilles au Tchad depuis sept ans, mais qui est resté à Paris cette fois-ci, lui avait dit : "Ahounta... S'il y a un primate ici, je suis sûr que c'est toi qui vas le faire découvrir."

 

Depuis, le jeune homme se sent chargé d'une mission quasi divine. Alors qu'il avance doucement, il raconte que son attention est attirée par "une sorte de boule prise dans une gangue noire, posée là, devant moi. Je ne sais pas pourquoi la chose a capté mon attention. Toujours est-il que je me suis approché et, à quelques mètres, j'ai remarqué deux rangées de dents..." La rencontre est historique. Plus encore que celle de Christophe Colomb avec le premier "Indien" ou celle de Howard Carter avec Toutankhamon.

 

Emballé dans du papier toilette

Le Tchadien Ahounta Djimdoumalbaye vient de découvrir le plus ancien membre de la famille humaine connu à ce jour. Ce crâne noirâtre, à moitié écrasé, dont l'aspect primitif ferait même honte à un chimpanzé, appartiendrait à un de nos ancêtres qui aurait vécu quelque temps après la séparation de la ligne humaine de celle des chimpanzés. Un événement qui se serait produit voilà peut-être 8 millions d'années. À peu près à l'époque où Giscard est entré en politique...

 

Environ 400 000 générations nous séparent de ce glorieux ancêtre baptisé Toumaï, et 1 000 cm3 de matière grise. Vivons-nous pour autant plus heureux ? Certainement ! Toumaï ne bénéficiait d'aucun progrès de la civilisation : la guerre, le chômage, le sida et le hamburger. Après être tombé à genoux devant sa trouvaille pour l'examiner, Ahounta appelle son camarade Fanoné Gongdibé : "C'est la victoire ! Nous avons ce que nous cherchions !" Autant dire que c'est la fête le soir même. Le chef de l'expédition Beauvilain en pleurerait presque. Quel dommage que le patron Michel Brunet ne soit pas présent pour assister à la découverte. Mais lui a prévu de fouiller ailleurs. Le crâne est délicatement emballé dans du papier toilette pour être rapporté à N'Djamena.

 

Honte et déshonneur

Mais cette découverte du siècle aura bientôt un goût très amer pour Alain Beauvilain. Le malheureux commet un abominable crime de lèse-majesté : il présente le fossile aux autorités tchadiennes et publie un communiqué de presse triomphal sans en référer d'abord à Michel Brunet. Lequel apprend donc la nouvelle par la presse. La honte ! Le déshonneur ! Lui qui, depuis plusieurs années, écume le désert du Tchad à la recherche de ce maillon manquant se fait voler la vedette par un... géographe ! Déjà parano sur les bords, Brunet est pris d'une colère énorme. En comparaison, un ours kodiak enragé fait figure de Winnie l'ourson.

 

Durant les mois qui suivent, le paléontologue fait tout pour réduire le rôle des quatre découvreurs sur le terrain. Ce ne sont que des exécutants ! C'est lui, Brunet, le patron, donc le véritable découvreur moral. Un an après la découverte, c'est lui qui présente officiellement Toumaï, à N'Djamena, en présence du chef de l'État et de la télévision. Claudie Haigneré, ministre de la Recherche, félicite officiellement le professeur Michel Brunet pour sa découverte du crâne de Toumaï.

 

Mis de côté, le géographe ! En janvier 2003, Brunet se rend pour la première fois sur la zone TM266, celle de la découverte, avec une copie du crâne et un photographe. Dans la presse, à la télé, on ne cite que lui pour parler du découvreur de Toumaï, Beauvilain est rejeté dans l'ombre, qualifié de "préposé". Écoeuré, ce dernier finit par quitter le Tchad le 31 décembre 2002, après un séjour de plus de vingt ans. Il aurait mieux fait de se casser une jambe, ce jour de 1992 où il a invité Brunet, qui chassait les fossiles de mammouth au Tchad, à donner une conférence à N'Djamena. Quant à Toumaï, il se dit que, finalement, il aurait mieux fait de se casser une jambe le jour où il a engendré l'humanité.

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 18:24

deby-ja-copie-1.jpgCrise malienne, situation en Libye, sommet de l'Union africaine, politique intérieure, lutte contre la corruption, succession...Au pouvoir depuis vingt et un ans, l'ancien « Comchef » zaghawa est un acteur expérimenté. Avec souvent, des positions tranchées à lire cette semaine dans Jeune Afrique.

 

« Je ne suis pas né militaire. Bien sûr, je suis entré dans l’armée de l’air par vocation, puis il m’est arrivé de faire la guerre sur le terrain par nécessité, jamais par goût. L’odeur de la poudre ne me dit rien. Ce qui me passionne, ce ne sont pas les armes, c’est le développement. » C’est sur cette courte déclaration en forme de recadrage d’image qu’Idriss Déby Itno, 60ans, a voulu clore l’entretien que François Soudan a eu avec lui le 5 juillet au palais présidentiel de N’Djamena.

 

Auparavant, l’ancien « comchef » de l’armée tchadienne, ce fils de berger zaghawa né en pleine brousse, avait passé en revue l'actualité du continent. Avec en premier lieu, la crise malienne. « Depuis le début des opérations de l’OTAN en Libye et jusqu’à la chute de Kaddafi, je n’ai cessé de mettre en garde quant aux conséquences non maîtrisées de cette guerre pour les pays de la région. J'ai trop longtemps prêché dans le désert », déclare-t-il. La solution aujourd'hui ? « La gestion actuelle de la crise malienne par la Cedeao seule ne constitue pas une réponse appropriée à la situation. La bonne solution serait de mettre en place une force de l’UA avec appui de l’ONU comme en Somalie et avec l’aide logistique de l’OTAN. » Voilà pour le plan de bataille.

 

Alors que le sommet de l'Union africaine se déroule actuellement à Addis-Abeba, le président tchadien a clarifié sa position dans le face à face qui oppose le Gabonais Ping et la Sud-Africaine Dlamini Zuma pour la présidence de la Commission de l'UA. « Soit nous élirons  le candidat que proposera la SADC, Mme Dlamini Zuma ou un autre, soit si le blocage persiste, les deux candidats en lice se retireront du jeu. »

 

Autre dossier abordé dans cette interview, les relations avec Paris, et notamment la fermeture de la base militaire française souhaitée en son temps par Alain Juppé, l'ex-ministre des Affaires étrangères. Et aujourd'hui ? « Nous en avions alors pris acte, en précisant qu’il s’agissait là d’une initiative souveraine, à laquelle nous ne voyons aucun inconvénient. Des discussions ont suivi, dont l’unique résultat a été le projet de mise en place d’un comité mixte chargé d’étudier les modalités pratiques de ce retrait. Nous sommes prêts, le moment venu, à les reprendre. »

 

Enfin, l'après-Déby est-il d'actualité dans la perspective de la prochaine élection présidentielle prévue pour 2016 ? Le chef de l'Etat aura alors 64 ans, dont 26 ans au pouvoir. Réponse de l'intéressé, directe : « Disons que le fait d’être devenu chef de l’Etat à 38 ans ne joue pas en ma faveur. Ne croyez surtout pas que je m’accroche à mon fauteuil, mais 2016, c’est dans quatre ans. J’aurai alors un choix à faire. Il n’est pas encore tranché. »

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 00:31

 

carte-libye.jpgPendant que les projecteurs sont focalisés sur les touarègues au Nord du Mali, les arabes et la minorité noire du sud libyen se livrent, de Koufra à Sebha, des combats sans merci depuis plus de six mois. Encore un foyer de tension qui risque de s’étendre sur le Tchad et le Niger.


Guerre civile à Sebha

150 morts officiellement, plus de 700 morts selon Jomode Elie Getty Dobycela, membre du Conseil National de Transition (CNT) mais néanmoins toubou. Il s’agit d’affrontements intertribaux entre toubou et oueled slimane ; la dernière d’une longue série ! Sebha, une ville oasis de 150.000 âmes située dans le sud de la Libye. Les toubous ne représentent à peine plus de 15% de la population. Quelques jours auparavant une voiture s’est fait voler en ville. Le 26 mars, le Conseil de sécurité composé de toubous et d’arabes se réunit. Ensuite, les versions divergent. Le véhicule appartiendrait à un toubou ou plutôt le contraire. Toujours est-il que le ton monte et des coups de feu partent. Trois cadres toubous sont assassinés à bout portant ; il s’agit successivement du responsable de la sécurité, le chargé des armements et le chef de la lutte anti-terroriste. Dès lors des combats meurtriers s’engagent dans la ville. Des quartiers entiers sont brûlés alors que des enfants et des femmes subissent des atrocités. Le chef toubou Issa Abdelmajid Mansour n’a pas hésité à qualifier ces violences intertribales de « nettoyage ethnique ». Les toubous ont opéré un repli stratégique hors du faubourg, à quelques kilomètres vers le Sud. Et puis, trois jours après, ils ont pris la ville par surprise. C’est au terme d’une semaine de combat qu’un cessez-le-feu fut décrété avant qu’on annonce le décompte macabre.


Le peuple toubou

Les toubous sont des noirs qui vivent depuis le Vème siècle av J.-C. au pied des massifs montagneux du Tibesti (littéralement lieu où vivent les habitants de montagnes) et de l’Ennedi. Ils sont donc considérés comme parmi les primo-sahariens. Peuple semi-nomade se déplaçant au gré des points d’eau, ils se sont également établis dans les oasis pour pratiquer l’agriculture. Le complément de revenus provient de l’activité pastorale c’est-à-dire la vente de bétail et surtout de chameaux. Signe des temps modernes, ils savent aussi s’adapter à la réalité de la mondialisation. Ils sont devenus les maîtres du désert ; maillon indispensable du flux migratoire des milliers de jeunes africains attirés par les revenus pétroliers libyens voire plus loin c’est-à-dire l’eldorado européen. Les toubous se sont donc reconvertis en « passeurs » du désert qui font entrer par Dirkou (Niger) les candidats à l’immigration clandestine. Ce genre de trafic n’a pu se faire bien sûr sans le consentement du colonel Kadhafi ou en tout cas sa bienveillance. La démarcation des frontières modernes font qu’aujourd’hui les 200.000 toubous se retrouvent à cheval sur trois pays limitrophes : le Niger (Nord-Est), le Tchad (Nord) et la Libye (Sud). Souvent décrit comme querelleurs et susceptibles, les toubous minoritaires et persécutés se sont aguerris au fil du temps et ont une réputation de valeureux combattants. Ils connaissent cette vaste région comme leur poche ; les camions peuvent aujourd’hui circuler dans le fin fond de ce désert grâce aux chauffeurs toubous. Car ils sont les seuls susceptibles de rouler entre deux balises de délimitation de mines anti-personnelles, vestiges du conflit tchado-lybien des années 1980. Sous le règne de Kadhafi Depuis son arrivée au pouvoir en 1969, le guide libyen n’avait cessé d’avilir et d’humilier cette population. Avec sa vision manichéenne, il considérait qu’un citoyen devait parler arabe et les toubous étaient obligés de se conformer à cette arabisation à pas forcés. Pendant ses 40 ans de règne, tout bon libyen devait porter un nom à consonance arabe ; si bien qu’au moment même où nous parlons, des milliers de noirs n’ont pas pu être inscrits à l’état civil et vivent donc sans carte d’identité. C’est le cas de milliers de toubous qui ont refusé de se soumettre à l’autorité centrale. Ils subissent eux-mêmes un ostracisme de la part des 30% de noirs « assimilés », les prenant comme des citoyens de seconde zone. Héritée des années 1950 et modelée par le jeune lieutenant Kadhafi en 1969, la circonscription administrative subdivise la Libye en trois principales provinces ou régions : à l’Est, la Cyrénaïque de tradition pastorale, à l’Ouest la Tripolitaine plutôt agricole et la désertique Fezzan. La révolution libyenne a mis en exergue la rivalité et l’antagonisme entre l’Est et l’Ouest autrement dit les côtes à forte densité de population. Certes, la conquête de Tripoli est partie de Benghazi. Mais les grands desseins du colonel Kadhafi avaient également provoqué des antagonismes entre les riches agglomérations du rivage de la Méditerranée et du désert de Sahara peuplé de berbères et de noirs. Le Sud est resté le parent pauvre de cette prospérité fulgurante, emmenée par les rentes du pétrole. Kadhafi a refusé sciemment de le développer pour punir les toubous qui refusent de migrer vers le Nord ou de lui faire acte d’allégeance. Il allait même jusqu’à semer des mines antipersonnelles pour les obliger à quitter leur territoire depuis la nuit des temps. Le guide libyen savait exactement la richesse minière du sous-sol des oasis du Sud et il voulait l’exploiter en se débarrassant des hommes qui y vivent. L’heure de la revanche a sonné ! Le monde entier se souvient de la chevauchée fantastique des révolutionnaires de l’Est, appuyée par l’aviation de la coalition internationale. Lorsque l’avancée des rebelles semblait s’essouffler au mois de juin 2011 et que le doute s’installa au sein même du Conseil National de Transition (CNT) quant à la façon d’en venir à bout du régime de Mouammar Kadhafi, les toubous et les berbères ont senti le vent de la liberté souffler dans le désert. Pour les uns comme pour les autres, ce fut une occasion en or de s’affranchir enfin de décennies d’humiliation et de pauvreté. Longtemps parqués dans des boulots d’ouvriers, d’employés de maison, de toute sorte de tâches ingrates, ils espèrent et aspirent enfin à cultiver leur propre terre ; de troquer leur misérables taudis contre un vrai toit ! L’OTAN refusa de faire débarquer des soldats sur le sol libyen mais elle consentit à parachuter du matériel militaire dans le Djebel Nefoussa, au Nord-Ouest du pays. Les milices berbères de Zintan, autres peuples persécutés par le Guide libyen, se rapprochèrent des toubous de la province de Fezzan. La première offensive sur Al-Qatroum du mois de juin fut repoussée par les troupes loyalistes. Mais au mois d’août 2011, le « bataillon du bouclier du désert » emmené par le toubou Barka Wardougou – un ex-officier de l’armée libyenne mais également passé par la case prison sous le régime du Guide - prit le contrôle de l’oasis de Morzuk dans la province de Fezzan. Il s’agit d’un carrefour stratégique entre le Tchad, le Niger et l’Algérie ; un revers pour le clan Kadhafi car sa tribu – les Guedadfa – à la main mise politique et économique sur cette région de Sebha. Fort de ces faits d’armes, les dirigeants toubous ont fait le déplacement à Benghazi, siège provisoire du CNT. « Il n’est pas question pour nous d’autonomie ou d’indépendance, nous voulons simplement participer à l’avènement de la nouvelle Libye » affirme un des leaders. Ainsi, un toubou a été nommé pour les représenter au sein du CNT. Ce n’est qu’un début car après la chute du régime, ils ont trusté les postes-clés de la transition de Sebha et Koufra. Ils surveillent les check-points et quadrillent les rues alors que les tribus arabes comme les Zwaï se contentent de contrôler le camp militaire et quelques dépôts d’armes. Naissance des rivalités arabes et toubous Jamais trafic de voitures volées, partant de Libye vers les pays du Sud, n’a autant prospéré que depuis la chute du colonel Kadhafi. Les toubous, fins connaisseurs du désert monopolisent le « marché ». Mais après plus de 40 ans de persécution, ils aspirent maintenant à sortir de cette engeance dans laquelle le régime les a cantonnés. De l’autre côté, les arabes estiment que la responsabilité administrative de Koufra et de Sebha leur revenaient. Le flux migratoire sub-saharien dans la région de Fezzan a été favorisé par l’africanisme prôné par le Guide lorsque celui-ci fut rejeté par les pays arabes à la fin des années 1980. Ces travailleurs sont venus gonfler les rangs des toubous ; ils vivent dans les mêmes quartiers dans les villes comme Koufra ou Sebha. Les tensions extrêmes entre les noirs et les arabes trouvent leur source dans cette forme de cohabitation. Toute cette région a été quelque peu négligée par le colonel Kadhafi au détriment des rivages de la Méditerranée. Nombre de libyens trouvent en ces voisins encombrants des victimes expiatoires de la politique africaine du dictateur. Le CNT réclame aujourd’hui un audit financier sur la holding financière créée par le guide libyen pour le continent africain : la Libyan African Investment Company (LAICO) dotée de 40 milliards USD. De l’argent de la rente pétrolière parti ailleurs sans que les autochtones n’aient pu en bénéficier ! Et pourtant, les toubous et les oueleds slimanes étaient des alliés ou plutôt des compagnons d’infortune. Car lorsque ces derniers ont été martyrisés par les autres tribus arabes, ce furent souvent les toubous qui volèrent à leur secours ou s’interposèrent en tant que médiateur. Les oueleds slimanes ont en effet fui la colonisation italienne pour se réfugier au Tchad. Ils sont rentrés au moment de l’avènement de Kadhafi, mais avec un statut social différent de ceux qui sont restés !

 

Touaregs, Berbères, Toubous même combat

Cette escalade de violences a commencé dès la fin de l’année 2011 du côté de Koufra. Et la région du Fezzan reste toujours sous tension, menace d’exploser d’un moment à l’autre. Sur le terrain, le CNT a envoyé des contingents pour s’interposer entre les combattants sans grand résultat. Ce gouvernement de transition a du mal à asseoir son autorité à Tripoli ; le problème du fin fond du désert n’est pas sa priorité de l’instant. Certains leaders toubous comme Issa Abdelmajid Mansour ne s’embarrassent plus pour déclarer que « le CNT et le régime Kadhafi ne sont pas différents ». Ils en appellent aujourd’hui à une intervention ou une médiation internationale de l’Union Européenne ou de l’ONU. La solution socioéconomique à long terme passe surtout par une redistribution équitable de la rente de la province de Fezzan. Sinon le risque d’extension du conflit vers le Tchad et le Niger n’est pas du tout à exclure. Et pourquoi pas une revendication d’autodétermination comme le MNLA au Mali ? Comme pour les touaregs, les berbères et les toubous, les peuples qui vivent en lisière du désert de Sahara ont du mal à trouver leur place au sein des Etats-Nations ; notion juridique inadaptée à leur mode de vie séculaire. 

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 20:27

 plumePays meurtrie par des décennies de conflits, notre pays le Tchad regorge pourtant de potentialités importantes pouvant lui assurer un avenir radieux. La condition essentielle à la réussite de notre développement est de jouir sur une période longue d'une relative stabilité politique. Cette stabilité ne saurait exister sans la pratique d'une gouvernance tant économique que politique, l'existence de vrais contre-pouvoirs à l'exécutif et aussi un débat d'idées riches et constructif.

 Ce site s'inscrit dans cette lancée et propose une analyse constructive de  l'actualité de notre pays et se veut de ce fait sans étiquette politique. 

   Le site http://lamyfortain.net/  est un nouveau outil de communication conçu afin d’entretenir un débat d’idée enrichissant en vue de l’édification de la nation tchadienne. Toute participation   d’article portant sur l’actualité de notre pays est souhaitée en vue d’enrichir le contenu du blog.

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